Un accident de la vie et tout bascule…

débarrassage suite décès

Ma sœur était une artiste, elle aimait la vie, sa famille, ses amis. La cérémonie était magnifique, paraît-il, car nous étions, mes parents, mon frère et moi, dans une espèce de transe. Un cauchemar éveillé…

Pourtant, il fallait revenir à la réalité, vider son appartement à Paris rapidement. Un nouveau déchirement après lui avoir déjà dit adieu. Entrer dans son intimité… et trier. Nous voulions tout garder, qu’elle ne parte jamais, mais nous savions que c’était une erreur. Nous avions vu Maman garder une robe de chambre de Mamie et replonger dans la souffrance chaque fois qu’elle ouvrait la penderie.

Ma sœur disait :  « Il faut donner ! Ça n’a plus d’importance ! »

Trier, donner ou garder…

Je devais vider le chaos artistique de son studio. Je me suis inspirée de Marie Kondo, ce pragmatisme m’empêchait de pleurer.

D’abord classer les papiers administratifs. La banque, la maison des artistes, les impôts. D’après mon frère, il restait beaucoup de démarches à régler avant six mois.

Puis j’ai trié le « sans valeur affective », mis la vaisselle aux encombrants avec l’étiquette « servez-vous ». Emmaüs est venu débarrasser gratuitement le mobilier et l’électroménager. Beaucoup d’objets en provenaient, ce cercle vertueux de revalorisation me consolait.

Les cosmétiques, les périssables, les produits d’entretien, récupérés, offerts aux voisins ou mis au tri sélectif de déchets. Ma sœur était écolo et aimait le seconde main. Une association débarras caritative est venue chercher les livres et DVD.

Pour les vêtements, je ne voulais pas réitérer l’expérience « robe de chambre », et personne n’entrait dans les affaires de ma frêle sœur. Nous avons gardé quelques pièces sentimentales, une écharpe, une paire de lunettes, un chapeau, ses bijoux, Maman voulait des chaussures (même si elle faisait deux pointures de plus…). J’ai mis le reste au Secours Populaire et dans la benne textile.

Des souvenirs en héritage

Les objets de valeur entreposés dans un grand carton seraient distribués en famille. Papa trancherait par tirage au sort en cas de chamailleries. Ses tableaux seraient entreposés dans le grenier parental avant d’être un jour exposés. Nous avons gardé son sac à main intact, je ne sais pourquoi. J’ai terminé par le ménage effectué par des professionnels. On rendait les clés, c’était fini.

La vie est courte, ce ne sont que des objets, le plus beau reste dans nos mémoires. Faire don, débarrasser et recycler, ces gestes solidaires furent salvateurs. Ces objets personnels ont eu une seconde vie, ma sœur a vécu encore, avec poésie, à travers ça.